Depuis plusieurs années, lorsqu'arrive un thème sur les migrations dans le déroulement de mes cours de géographie au lycée Jean Vigo de Millau, j'introduis la séquence par une enquête orale auprès de mes élèves, que je transcris sous forme de cartes. Je leur demande où ils sont nés, où sont nés leurs parents et leurs grands-parents.

Cet exercice permet de fournir des exemples aux différents types de migrations qui ont alimenté le maintien de la population à Millau – depuis d'autres régions de France, mais aussi d'Italie, d'Espagne, du Portugal et d'autres pays européens, du Maghreb, du Mali, ou d'ailleurs dans le monde. Nous confrontons ensuite ces petits échantillons qui ne représentent qu'eux-mêmes aux mouvements migratoires plus larges, à l'échelle nationale, européenne ou mondiale.

Cela permet d'évoquer le travail du géographe, celui du sociologue, comme celui de l'historien, et d'aborder la question des migrations sous un angle différent.

En 2015, j'ai mené une enquête plus précise, sous forme écrite, pour pouvoir en garder trace. Elle concerne trois classes : la première littéraire, la terminale STMG (tertiaire) et une terminale scientifique.

Je leur ai demandé de remplir le tableau suivant :

J'ai récolté 73 réponses (8 élèves étaient absents au moment de l'enquête).

Lieu de naissance des élèves

37 (50%) étaient nés dans l'Aveyron, 26 à Millau, 9 à Saint-Affrique et 2 à Rodez.

Sur les 36 restant :

• 11 (15%) étaient dans la nouvelle région Occitanie, dont 6 à Montpellier.
• 21 (29%) ailleurs en France.
• 4 (0,5%) dans un autre pays : Allemagne, Portugal, Mali, Vietnam.

Les parents

Sur 73 réponses :

• 9 (12%) avaient leurs 2 parents nés en Aveyron
• 19 (26%) avaient un de leurs parents aveyronnais (dont 4 avec l'autre parent qui avait des ancêtres aveyronnais et 1 seul qui n'avait aucun grand-parent aveyronnais)
• 46 (63%) n'avaient aucun de leurs parents aveyronnais (mais 5 avaient des ascendants aveyronnais)

Les grands-parents et au-delà

sur 73 réponses :

• 22 (30%) n'indiquaient pas le lieu de naissance de 3 ou 4 de leurs grands-parents
• 2 étaient trop imprécis pour mon enquête

• 3 avaient 4 grands-parents aveyronnais (dont 1 avec des arrière-grands parents espagnols)
• 12 avaient 2 ou 3 grands-parents aveyronnais
• 1 avait au moins 1, sans doute 2, voire 3 grands-parents aveyronnais
• 6 avaient 1 seul grand-parent aveyronnais

Donc :

• 22 (30%) – peut-être 25 - avaient au moins un grand parent aveyronnais ;
• 29 (40%) voire 35 n' avaient aucun grand-parent aveyronnais (mais 2 avaient des arrière-grands parents aveyronnais et 3 avaient des grands-parents lozériens, ce qui n'est certes pas aveyronnais:)

Par ailleurs :

Sur un effectif de 60 réponses exploitables :

• 2 avaient des ancêtres réunionnais
• 1 avait des ancêtres Français de Tunisie (2 grands-parents)
• 3 avaient des ancêtres Français d'Algérie (2 grands-parents)
• 1 avait des ancêtres Français du Maroc (1 grand-père)

19 – sans doute 22 - avaient leurs 4 grands-parents français, sans mention d'arrière-grands parents étrangers

14 autres avaient leurs 4 grands-parents français avec des ancêtres étrangers venus d'Espagne (4), d'Irlande, du Luxembourg, de Belgique (3 dont exode 1914), des Pays-Bas, d'Allemagne (3), d'Italie et de Russie

19 avaient des grands-parents étrangers :

• 1 : les 4 grands-parents portugais,
• 2 : les 4 grands-parents marocains (dont un avec des arrière-grands-parents saoudiens),
• 1 : 2 grands-parents allemands,
• 1 : 1 grand-père allemand et 1 grand-mère autrichienne (et des ancêtres danois et polonais de l'autre côté),
• 1 : 1 grand-mère portugaise et 2 grands-parents espagnols,
• 2 : un grand-père italien,
• 1 : une grand-mère espagnole,
• 2 : deux grands-parents espagnols (Catalogne et Andalousie) et deux grands-parents français avec de l'ascendance espagnole dans un cas et polonaise dans l'autre,
• 1 : un grand-père algérien, dont la mère était soudanaise,
• 1 : un grand-père espagnol ou portugais ...,
• 1 : un grand-père sicilien, 1 grand-mère d'origine turque, 1 grand-mère algérienne et peut-être 1 grand-père espagnol,
• 1 : des grands-parents tziganes d'Allemagne et d'Europe de l'est,
• 1 : 1 grand-père italien et 1 grand-mère allemande
• 1 : une arrière-grand-mère allemande
• 3 ne connaissaient qu'une partie de leurs ascendants et avaient des arrière-grands-parents étrangers : italien, russe, allemand.

Donc 52 % au moins avaient des ancêtres étrangers (60% en STMG, 33 % en S et 43% en L)

Carte concernant les lieux de naissances des élèves de la classe de terminale STMG et de leurs parents :

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