Les communautés et seigneuries autour de Canet-de-Salars

Atlas du Rouergue

Écrit par Jean-Yves Bou et publié le 07 Jan 2017

7 minutes de lecture

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Comme l'expliquait le curé de Canet dans cette déclaration de 1783 (AD 46, C 16), le territoire de sa paroisse dépendait de 12 communautés différentes.

Dans l'Atlas du Rouergue publié en novembre 2016, j'ai proposé un croquis esquissant cette fragmentation communautaire (volume I, page 43). En janvier 2017, j'ai repris ce dossier pour écrire cet article, avec une carte plus complète des communautés, une carte des seigneuries et un texte explicatif plus précis.

Le territoire de la paroisse de Canet couvrait toute la commune actuelle, le sud de celle de Prades-Salars et deux hameaux de Pont-de-Salars. Ces trois communes furent formées par un long processus de regroupement de communautés et de réduction des enclaves, qui dura de 1790 à 1831 (voir Marc Vaissière, De Roèrgue a Avairon, 2005).

Les sources pour restituer l'état ancien des communautés et des seigneuries

Pour comprendre comment les hameaux étaient répartis dans les différentes communautés et seigneuries, j'ai utilisé :

Les communautés

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Des communautés d'un seul tenant, entièrement dans la paroisse de Canet

Amalric de Loupiac ou Pruns (compois 2 E 46-11, 1667 ; acte notarié du 14 avril 1752 chez Unal notaire à Millau, 3 E 4046), communauté comprenant les hameaux de Pruns, La Cinquerie et Lestang. Le seigneur justicier était Louis de Lapanouse, seigneur du Colombier et de Pruns, en 1667, et M. de Colombié en 1771.

Boulouis, communauté dont le territoire est actuellement dans la commune de Prades. Elle était entièrement comprise dans la paroisse de Canet. Le roi en était seigneur.

Fombelle, dit Fombelle-Montferrier, communauté ne correspondant qu'à un seul domaine. Ce domaine appartenait à la famille de Foucras au début du XVIIIe siècle et fut transmis aux Molinier par le mariage en 1741 de Jean Antoine Molinier, sieur des Vialettes, avec Françoise de Foucras des Brunes (cm 05/09/1741, 3 E 4646). Il passa à leur fils, Jean Joseph Henry de Molinier, sieur de Fombelle (1745-1820), qui en était probablement seigneur justicier.

Des communautés divisées en plusieurs membres, tous dans la paroisse de Canet

Brenguier de Comps, communauté composée de deux membres, d'une part Puech Arnal dont les Chartreux de Rodez étaient seigneurs justiciers, d'autre part La Brune dont M. François Bastide, avocat de Prades, était seigneur justicier en 1734 (C 1133, f°21). Cependant, le curé ne mentionne ni les uns ni l'autre comme seigneurs justiciers en 1771.

Canet-Camboulas, communauté membre de la chatellenie royale de Camboulas, dont le roi était seigneur justicier. Elle comprenait une partie du village de Canet et de ses alentours, et le Moulin Bas de Pareloup (compois 2 E 46-8, 1666 ; reconnaissances au roi C 1112, 1668). Elle comprenait aussi un terroir appelé Lafage et un lieu dit Saugane, terroir ou ancien village disparu ? Les reconnaissances permettent de donner la liste des seigneurs directiers : le Chapitre cathédral de Rodez, le prieur de La Selve, l'œuvre de l'église Notre-Dame-de-Rodez, le sieur des Canabières et M. de Faramond.

Les communautés qui avaient aussi des enclaves dans d'autres paroisses

Canet-Saint-Jean (C 1133, f°24), communauté relevant du commandeur hospitalier des Canabières. Elle comprenait une partie de Canet et les hameaux de Douach, Le Fraysse et La Rouquette. Elle comprenait aussi Sarlit, dans la paroisse de Trémouilles.

Conquettes, communauté qui comprenait les villages voisins de Conquettes et de Paulhet, mais aussi Le Sarret, et quelques maisons et pièces de terre du village de Canet, en particulier le presbytère. Elle incluait également une partie de La Rouquette, paroisse de Saint-Georges-de-Camboulas. (compois 2 E 46-9, 1668 ; C 1133, f°22). M. de Faramond en était seigneur en 1734.

Trappes (C 1133, f°14), communauté composée de quatre membres dans trois paroisses différentes. Dans celle de Canet se trouvaient Trappes et Frontin. Chaque membre avait un seigneur justicier différent, M. de Faramond pour Trappes et M. de Prévinquières pour Frontin. Cependant, le curé ne mentionne pas le second comme seigneur justicier en 1771. M. Bonnefous d'Arvieu lui aurait succédé (commentaire posté par Claudine Bru en bas de cette page).

Des enclaves de communautés dont le chef-lieu se trouvait dans une autre paroisse

Une enclave de Barry-Vigouroux, dont le village principal était dans la paroisse de Frayssinhes, aujourd'hui commune du Vibal. L'enclave comprenait le hameau du Caussanel et le terroir du Bouissou, ancien hameau, en ruine en 1734 (C 1133, f°30). Le roi en était seigneur justicier.

Deux enclaves de Salles-Curan : Le Viala de Frontin et La Matherie. L'évêque de Rodez en était le seigneur justicier.

Des parties de communautés dont le chef-lieu était dans une paroisse voisine

Prades : la partie méridionale de la communauté, comprenant sept hameaux dépendait de la paroisse de Canet. On ne sait pas si ces hameaux relevaient de la justice royale ou de celle de M. de Faramond, baron de Canet et seigneur de Prades.

Saint-Georges-de-Camboulas : les deux hameaux d'Espinasse et des Intrans relevant de la justice royale, étaient dans la paroisse de Canet.

Les seigneuries

Les reconnaissances de 1733-1734 donnent le nom des seigneurs hauts justiciers, mais elles sont en partie contredites par d'autres sources, comme la déclaration du curé dans l'enquête de 1771, qui donne Le commandeur de La Selve et M. Bonnefous d'Arvieu comme seigneurs justiciers, sans préciser pour quelles parties de la paroisse, alors que les Chartreux, la famille Bastide et M. de Prévinquières ne sont pas cités. Le commentaire posté par Claudine Bru sur cette page laisse penser que Bonnefous d'Arvieu a acquis la seigneurie de Frontin avant 1770. D'autres recherches permettront de préciser la répartition des seigneuries.

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Le roi était principal seigneur justicier de la paroisse. Ses officiers exerçaient la justice sur les communautés de Canet-Camboulas, Boulouis, Barry-Vigouroux, Saint-Georges-de-Camboulas et une partie de Prades.

Le cas de Prades est particulier. C'était une co-seigneurie partagée entre le roi et M. de Faramond qui détenait un cinquième de la justice du village et toute la justice de certains hameaux, mais aucun document consulté à ce jour n'en donne la liste.

La famille de Faramond de Glandières portait le titre de seigneur de Canet au XVIIIe siècle. La seigneurie fut érigée en baronnie à une date à déterminer. Il faut noter que la famille ne possédait la justice que sur une partie de la communauté de Prades et sur la communauté de Conquettes, qui incluait toutefois quelques maisons du village de Canet, ainsi que le presbytère et la moitié de l'église (voir ci-dessous).

Jean Jacques de Faramond de Glandières (1674-1755), était baron de Canet et de Jouqueviel, seigneur de Prades et de Balsac (testament 11/08/1747 Franques, 3 E 6308). Il pouvait être appelé M. de Faramond, le baron de Jouqueviel ou M. de Canet. Son fils Augustin Alexandre de Faramond, baron de Jouqueviel et de Canet lui succèda (déclaration de 1784, C 1610).

P1560530.JPG Nomination de Pierre Boutet fils, avocat, de La Cassagne de Ceignac, à l'office de juge de la baronnie de Canet par Augustin Alexandre de Faramond (1786, 60 J 43).

Le village de Canet en 1666-1668

Ainsi qu'on peut le déduire des notices précédentes, le village de Canet était divisé entre les trois communautés de Canet-Camboulas, Canet-Saint-Jean et Conquettes.

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L'église de Canet était donc à cheval sur les communautés de Canet-Saint-Jean et de Conquettes (AD 46, C 16).

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Les compois de Canet-Camboulas et de Conquettes (2 E 46-8 et 9, 1666 et 1668) permettent de faire la liste des tenanciers qui avaient leur maison dans ces deux communautés. Avec quelques incertitudes, car des feuillets ont été arrachés au premier. Par déduction, les tenanciers qui n'avaient que des terres dans ces deux communautés devaient avoir leur maison dans celle de Canet-Saint-Jean, dont, apparemment, on ne conserve pas le compois. D'autres sources permettront peut-être de compléter ces informations.

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Commentaires

  • bru Claudine

    Bonjour J'ai trouvé à la Societé des Lettres du courrier envoyé a Monsieur Bonnefous d'Arvieu seigneur de Frontin et de Douach en 1770

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